Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

La jeune fille à la perle - Tracy Chevalier

Bien évidemment j'ai été tentée par le sujet! L'histoire d'un tableau de Vermeer, un des plus connus sans doute, la jeune fille à la perle, avait de quoi aiguiser ma curiosité!

Je n'ai pas été déçue, l'atmosphère de cette petite ville hollandaise ( Delft )au 17ème siècle est bien rendue, on y apprend la vie quotidienne des gens simples, des peintres et faïenciers flamands, la distance entre catholiques et protestants.

L'auteur fait le choix de décrire la servante du peintre , Griet, comme le modèle de ce fameux tableau, appelé souvent la Joconde du Nord car il garde tout son mystère, on ne sait pas qui en fut le modèle.

Ce qui est particulièrement intéressant, au-delà de la relation subtile qui se crée entre le peintre et la servante, c'est de suivre pas à pas la genèse des tableaux , couleur par couleur, plan par plan.

L'intrigue y tient une grande place, on devine aisément la place des servantes dans ce monde, leur vie rude et simple, leur dévouement aussi. Un travail harassant, une toute petite place dans la maison, dans une ville au climat rude, leur destin est tout tracé.

 

Bien sûr, à lire les passages sur la création des tableaux, je me prends à rêver d'un grand atelier lumineux, avec un joyeux désordre! Mais je ne suis pas Vermeer!!!!!

 

Résumé :

 

La jeune et ravissante Griet est engagée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Nous sommes à Delft, au 17ème siècle. Griet s'occupe du ménage en s'efforçant d'amadouer l'épouse, la belle-mère et la gouvernante, chacune très jalouse de ses prérogatives. Au fil du temps, la douceur, la sensibilité et la vivacité de la jeune fille émeuvent le maître qui l'introduit dans son univers. À mesure que s'affirme leur intimité, le scandale se propage dans la ville...

 

Extraits:

 

L'homme m'observait de ses yeux gris comme la mer. Son visage allongé, anguleux, reflétait la sérénité alors que celui de son épouse était aussi changeant que chandelle au vent. Il ne portait ni barbe ni moustache, d'où cette apparence nette que j'appréciai. Une houppelande noire couvrait ses épaules, sa chemise était blanche et son col de fine dentelle. Son chapeau était enfoncé sur la chevelure couleur de brique défraîchie par les intempéries.
"Que faisiez-vous là Griet ?" demanda-t-il.

Sa question me surprit, mais je n'en laissai rien paraître.

Je coupais des légumes pour la soupe, Monsieur."

J'avais l'habitude de disposer les légumes en cercle, par catégorie, comme les parts d'une tarte. Il y avait cinq parts : choux rouge, oignons, poireaux, carottes et navets. Je m'étais servie d'une lame de couteau pour délimiter chaque part et j'avais placé une rondelle de carotte au centre.

L'homme tapota sur la table. "Est-ce dans cet ordre qu'ils iront dans la soupe ? me demanda-t-il en étudiant le cercle.

-Non, Monsieur." J'hésitais, je n'aurais pu expliquer pour quelle raison je les avais arrangés de la sorte. Je m'étais dit que ça devrait être comme ça, un point c'est tout, mais j'avais trop peur d'avouer ça à un monsieur.

"Je vois que vous avez mis de côté les légumes blancs, reprit-il en montrant les navets et les oignons. Tiens, ceux de couleur orange ne voisinent pas avec ceux de couleur pourpre, pourquoi ça ?" Il ramassa une tranche de chou et un bout de carotte, les secoua dans sa main comme des dés.

Je regardais ma mère, elle hocha discrètement la tête.

"Les couleurs jurent parfois quand elles sont côte à côte, Monsieur."

Il fronça les sourcils, de toute évidence il ne s'attendait pas à cette réponse. "Dites-moi, vous passez beaucoup de temps à disposer les légumes avant de faire la soupe ?

-Oh non ! Monsieur", répondis-je confuse, je ne voulais pas qu'il crût que je gaspillais mon temps. Du coin de l'œil, j'entrevis un mouvement. Ma sœur Agnès nous épiait, tapie derrière le montant de la porte. En entendant ma réponse, elle avait secoué la tête. Il était rare que je mente. Je baissai les yeux.

L'homme tourna légèrement la tête, Agnès disparut. Il laissa retomber les morceaux de carottes et de chou parmi leurs semblables. Le chou se retrouva en partie avec les oignons. J'aurais voulu tendre la main pour le remettre à sa place. Je me retins, ce qu'il devina. Il me mettait à l'épreuve.

"Assez bavardé comme ça", déclara la femme. Si agacée fût-elle par l'attention qu'il me portait, c'est moi qu'elle fustigea du regard. "Nous disons donc à demain ?" Elle se tourna vers l'homme avant de sortir majestueusement de la pièce, suivie par ma mère. L'homme jeta un dernier coup d'œil à ce qui devait être la soupe, puis il me salua de la tête et suivit les femmes. "

 

 

 

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

'Maintenant, regardez-moi.'
Je tournai la tête et le regardai par-dessus mon épaule droite.
Ses yeux s'immobilisèrent dans les miens et tout ce qui me vint à l'esprit ce fut que leur gris me rappelait l'intérieur d'une coquille d'huître.
Il semblait attendre quelque chose. Mon visage commença à refléter ma crainte de ne pouvoir le satisfaire.
'Griet', reprit-il avec douceur. Il n'eut point besoin d'en dire davantage, mes yeux s'emplirent de larmes. Je les retins, je savais faire maintenant.
'Oui. Ne bougez pas.'
Il allait peindre mon portrait.

 



12/07/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 17 autres membres