Mes mots pour le dire
ma petite tante, ma grande soeur
Je savais que ce serait difficile, il faut maintenant gérer le vide, le chagrin, tout cela est tellement violent...
Voici ce que je t'ai écrit pour l'église, pour tes funérailles, il y aurait eu tant d'autres choses à dire sur ce que tu m'as apporté, sur ton écoute et nos histoires de nanas!
Nombre d'entre vous la connaissent sous le doux prénom de Marie-Aimée. Pour moi elle est Moumousse, surnom qu'elle s'est donné toute petite sans vraiment savoir pourquoi .
Moumousse donc, tu as été ce feu follet, vif, toujours en mouvement, qui a illuminé ma vie.
J'ai déboulé dans la tienne dans ta treizième année, tout petit bébé que tu as accueilli avec tendresse , bienveillance et indulgence.
Tu étais pour moi le rire, la joie de vivre, la complicité , mon pilier, mon refuge un exemple d'élégance .
Tu aimais la danse, l'opéra et rêvais d'en faire carrière à une époque où cet art n'était pas destiné aux jeunes filles de bonne famille.
Qu'importe, tu m'emmenais assister à des opérettes, Phiphi, les cloches de Corneville.
Pour avoir un espace de liberté, tu prétextais aller promener « la petite » et nous rencontrions tes amis , filles et garçons.
Tu venais aussi chez mes parents pour souffler un peu car tu t’occupais au quotidien de ta maman malade.
Nous passions, en Espagne, des vacances où ton humour égayait nos journées. Que de souvenirs, de fous rires surtout ! Dire que tu étais capable de chanter « la Marseillaise » dans les rues un 14 juillet, dans un pays franquiste !
Chez toi, dans ton nid d'amour avec François, tu étais toujours occupée, habile de tes mains, cousant, bricolant, rénovant des fauteuils, construisant des maisons de poupée, cuisinant avec raffinement pour ta famille et tes invités.
J'ai donc beaucoup appris avec toi.
Je t'ai vue dorloter tes filles et choyer ton mari.
Tu étais mon rocher, ma source. Nous nous racontions nos histoires de nanas !
Tu me laisses désemparée devant ce vide immense que sera ton absence.
La mort n'efface pas l'amour, elle le garde en mémoire pour quand on se retrouvera.
Et pour terminer, une citation de Erri de Luca : « je crois à une suite de la vie chaque fois qu'on nomme une personne absente ».
Quand tout s'envole
Quand tout s'envole
Être debout à l'aube et contempler le jardin
Surprendre les animaux de la nuit
Accueillir ceux du matin
Aller effleurer les arbustes, le café à la main
Saluer la voisine
Échanger quelques mots
Vivre chaque jour la magie du petit château
Le bonheur simple de la campagne
Voir les chats folâtrer
Félins insouciants
Lire sous le tilleul
Assumer la paresse
Guetter le ciel flamboyant du soir
Ces couleurs avant le noir
Car le noir arrive à grands pas
Plus jamais vous ne verrez
Ces crépuscules rougeoyants
Quand tout s'envole
Il ne reste que vos larmes
Chasser la colère
Ne pas regarder en arrière
Tout perdre et tout reconstruire
Saisir les mains tendues
Regretter celles qui se dérobent
Avancer, chuter à nouveau
Et avancer encore
Parce que vos enfants
Parce que vos petits
Parce que vos amis
Merci...
E.G. 2024
Ailleurs, plus haut....
Ailleurs, plus haut...
C'est dans la Garonne
Qu'ils se sont jetés
Tout comme à Vérone
On peut mourir d'aimer
Leurs cendres éternelles
Se mêlent au jardin du ciel
Ils rêvaient de caresses
De baisers, de tendresse
De bras qui enveloppent
De mots qui se chuchotent
Ne plus se rencontrer
Ne plus partager
Maudit couvre-feu
Les dieux ne sont plus avec eux
Avant l'allumeur de réverbères
Il reste les étreintes éphémères
Distanciel
Virtuel
Tous ces mots sans ailes
Qui empêchent de s'envoler
Les amours confinées
Des corps qui ne peuvent s'emmêler
Ailleurs, plus loin, plus haut
Ils retrouveront les mots
C'est dans la Garonne
Qu'ils se sont jetés
Au balcon de Vérone
Les roses sont fanées
Eve G,
C'était avant...
C’était avant
Avant le temps
Avant même l’espace
Le temps des filaments
Que la lumière enlace
Intimement mêlée
Aux poussières scintillantes
Je vous ai pensés
Dans ma quête tournoyante
C’était avant
Avant le temps
Avant même l’espace
Je me suis déployée
Et un peu arrondie
J’étais l’eau et la terre
Je vous ai portés
Vous ai donné la vie
Enlacés, nourris
C’était avant
Avant votre temps
Avant votre espace
Alors fondez-vous en moi
Inscrivez dans vos lois
De me rendre mon ciel
Apaiser mes saisons
Me redonner l’horizon
Et ma ronde éternelle
Mes enfants humains
Toujours plus fous, toujours plus vains
Qu’attendez-vous
Je serai là après vous
Et ce sera avant
Avant un autre temps
Un autre espace
Où vous n’aurez plus votre place
Eve G.
Ultime
Il y a très longtemps j'avais entendu Marcel Merkès et Paulette Merval (non les jeunes vous ne connaissez pas!) lors d'un entretien avec un journaliste, dire que chacun voulait partir avant l'autre et j'avais trouvé cela émouvant. j'y ai pensé ces jours-ci, alors voilà , en hommage à ce couple de nos jeunes années!
Ultime
Dernier souffle
Dernier soupir
Dernier mot
Ultime repos
Partir avant
Pour ne pas te pleurer
Ne pas lâcher ta main
Être encore demain
Dernier souffle
Dernier soupir
S’accrocher
Se donner
Être un, être deux
Tout entière
Dans tes yeux
Encore un peu
Dernier souffle
Dernier soupir
Avoir du courage
Aimer malgré l’âge
Se redresser
Se retrouver
Brumes légères
De l’autre côté
Dernier souffle
Dernier soupir
Ultime repos
Eve G.