Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

Hors des cases

Mon article précédent disait mon agacement à voir tous ces classements et toutes ces cases dans lesquelles on veut nous mettre, nous les humains si divers!

Là encore, je m'insurge quand je vois la polémique autour de Céline que Frédéric Mitterrand a retiré de la liste des "célébrations" , comme s'il fallait des fêtes carillonnées pour confirmer la valeur d'un écrivain ou le génie de quelque autre personne!

Si tous les écrivains géniaux avaient été consensuels, comme nous nous serions ennuyés!Cette manie de vouloir dissocier à tout prix le bien et le mal m'agace. Le manichéisme est désormais à la mode, on peut le voir dans les programmes pour les enfants, il y a toujours les très gentils et les très très vilains méchants. Bien sûr nos contes enfantins sont aussi sur ce modèle mais il y avait dans la littérature enfantine pas mal de tiroirs à ouvrir, qui cachaient, sous une grande morale apparente, quelques petits travers qui nous réjouissaient et nous donnaient envie de ne pas être forcément dans la rang...

Je me souviens avois étudié "les fleurs du mal" en classe de première au lycée. la très jeune fille que j'étais n'avait pas tout compris de l'oeuvre, loin s'en faut! L'examinateur, à l'épreuve orale du baccalauréat, m'avait malicieusement donné un texte hors programme. J'ai honnêtement fait mon boulot d'élève mais je sentais son insatisfaction... Jusqu'à ce que je me lance toute rougissante en comparant le chat à la femme. C'était ce qu'il attendait j'ai eu une très bonne note! Mais bien sûr la "prof" n'en avait pas parlé, nous avions étudié tout ce qui était "lisible" dans un lycée de jeunes filles!

J'avais déjà du mal à cette époque à respecter les ordres "pas le droit pour les matheuses de fréquenter les littéraires". Or ma meilleure amie, Colette, était littéraire, j'allais donc l'attendre à la fin de ses cours au grand dam de la "surgé" surnommée mamie rose.

Comme j'étais pensionnaire, j'avais choisi un bureau dans la salle des littéraires et finalement ce fut le début d'une cohabitation autorisée, sauf dans les dortoirs, il ne faut pas mélanger les rêves des chiffres et les lettres!

 

Juste pour le plaisir, le poème en question :

 

Dans ma cervelle se promène
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret ;
Mais que sa voix s'apaise ou gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases ;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots.

Non, il n'est pas d'archet qui morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat étrange,
En qui tout est, comme en un ange,
Aussi subtil qu'harmonieux !

II

De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un soir
J'en fus embaumé, pour l'avoir
Caressée une fois, rien qu'une.

C'est l'esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime
Tirés comme par un aimant
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même

Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.



01/02/2011
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