Le pinceau-livre

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Grâce et dénuement - Alice Ferney

Depuis qu'un ami m'avait offert " Dans la guerre" du même auteur, j'ai lu " La conversation amoureuse" et n'ai pu résister à l'envie d'acheter celui-là.

"Grâce et dénuement", voilà un joli titre qui résume bien le livre.

Alice Ferney a une écriture fine et sensible qui décrit bien le quotidien de ces gitans parqués dans nos périphéries et que nous regardons tous avec un oeil circonspect avant de décider si nous allons les trouver sympatiques ou s'en méfier...

 

 Je vous livre le résumé du livre et ensuite je vous ferai part de mon expérience ( mes expériences!) au contact de ces gens-là.

 

Présentation de l'éditeur

Eux, c'est une famille de Gitans installés illégalement sur un terrain vague de la banlieue parisienne - ils n'ont rien d'autre que " leur caravane et leur sang ". Elle, c'est une bibliothécaire douce et généreuse, une " gadjé ", qui a l'amour des livres. Le roman raconte leur rencontre inattendue, lorsque la jeune femme décide d'initier les enfants du camp au plaisir de la lecture.
 

Quatrième de couverture

«Non, se disaient maintenant les frères gitans, leurs vies n'étaient pas si misérables. Ils n'étaient pas les plus pauvres. Ils n'étaient pas des rampants sans feu ni lieu, puisqu'ils avaient des camions, des caravanes, et de belles femmes qui portaient de jeunes enfants. Que pouvait-on demander de plus à la vie ?»

Sur un terrain vague subsiste un clan de Gitans indifférents à la société, à ses règles et à son confort. Leur existence est marquée par les naissances, les petites et les grandes fêtes. Un beau jour, une bibliothécaire déterminée et généreuse se met en tête de faire découvrir la magie de la lecture aux enfants.

Se nouent alors des relations de complicité. Car ce que découvre cette étrangère, par-delà la misère et la brutalité, c'est une chaleur particulière, la tendresse, et cette beauté qu'ont les femmes dans le dévouement. Quelque chose d'impalpable qu'on nomme l'humanité.

 

Mon avis

 

Bien sûr, un ouvrage qui parle de l'amour des livres ne pouvait que m'attirer. le personnage d'Esther, très généreux, ne reste pas moins lucide quant aux conditions de vie de ces gitans : ils vivent de récupération de métaux et autres objets certes, mais aussi de rapines, cambriolages divers... Elle n'évite pas les soucis d'hygiène, d'éducation, de violence dans les couples.

Cependant elle sait faite jaillir ce brin d'humanité qui fait que l'on s'attache à cette famille, on accompagne les enfants dans cette découverte des contes si bien racontés par Esther, on suit le lent cheminement des couples...

 

Pour ma part, il m'est arrivé de scolariser des enfants du voyage, je ne me suis pas interrogée sur le bien fondé de leur inscription à l'école, pour moi, l'éducation reste le meileur moyen d'intégration et de devenir malgré tous les défauts de notre Education Nationale!

 

Dans ma vie privée, deux évènements montrent bien la complexité des populations nomades...

Dans le tramway, au retour d'une sortie cinéma avec mes petits-fils, deux jeunes femmes roms se sont presque couchées sur moi, comme si la foule les obligeait à se presser contre les passagers. j'ai écarté les bras pour protéger mes petits-fils de cet écrasement et bien sûr, je me suis fait subtiliser mon portefeuille (retrouvé par les agents de nettoyage dans un autre tramway, il manquait juste des tickets de métro, mon argent et ma carte bancaire n'étant pas dans ce portefeuille!)... Tentation de  les maudire et de généraliser...

Et puis, le souvenir d'une soirée difficile m'est revenu. Mon mari était hospitalisé depuis la veille en urgence lorsque j'apprends qu'une de mes filles est aussi en route pour les urgences du même hôpital dans un état sérieux. Je ressens encore en moi ce moment de panique qui me fait appeler un proche. Ce dernier me conseile fort justement de ne pas conduire dans cet état  et de prendre le métro.

Je me rends donc à la station de métro la plus proche, toutes les places de parking sont prises, il reste de la place sur un trottoir au bord d'un camp de gitans posés là, en périphérie de la ville. Je me gare et sors de ma voiture , en larmes. A ce moment une vieille gitane qui m'observe s'approche et me demande ce qui se passe. Je résume la situation et je souligne que je ne pourrai reprendre ma voiture que tard dans la nuit. Elle me dit " partez tranquille, on la surveille"!

 Je n'ai pas le temps de m'attarder à trouver une autre solution, je prends donc le métro. A mon retour, ayant pris un taxi dans la nuit pour revenir vers mon véhicule, je vois bien le chauffeur qui doute de l'intégrité de ma voiture quand je la retrouverai, si je la retrouve!

 

Je paye ma course, je me retourne , la gitane sort de sa caravane dès qu'elle m'aperçoit, me demande des nouvelles, me propose un café. Je refuse mais je remercie cette femme avant d'aller dormir chez une autre de mes filles, exténuée...

Quelques jours plus tard, j'ai voulu venir remercier plus longuement ces gens mais le camp avait été évacué...

 

Voilà donc quelques aspects d'un monde qui ne nous est pas familier mais est très bien restitué dans le livre d'Alice Ferney.



14/04/2012
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