Le Chant du coyote de Colum McCann
Présentation de l'éditeur
Quatrième de couverture
On peut résumer Le Chant du coyote en disant qu'il s'agit d'un roman sur l'amour d'un père et de son fils unis dans le souvenir de la mère, en dépit de la pudeur et de relations difficiles. Mais il faut dire - et surtout que Le Chant du coyote est la révélation d'un écrivain exceptionnel, l'un de ceux dont on se dit dès les premières pages lues qu'on ne va pas l'oublier de sitôt. Parce que son livre est fort, émouvant et fertile. Mais surtout parce que mieux que vrai, mieux encore qu'exact, McCann écrit juste. D'où ce contact qui s'établit immédiatement entre le texte et soi-même, et ces images de vie qu'il donne à voir et qui ne s'effaceront pas, de longtemps, on l'a compris, de la mémoire du lecteur.
Mon avis :
J'ai eu du mal à quitter ce livre, il renvoie forcément à des situations ou des sentiments vécus par soi-même ou des personnes proches. Le héros revient en Irlande auprès de son vieux père après avoir cherché sa mère disparue, les deux hommes ne sont pas très proches, le père ayant toujours privilégié sa passion de la photo et ayant négligé la mélancolie de sa femme mexicaine qu'il a entaînée d'abord aux Etats-Unis avant de s'installer définitivement en Irlande. Il a aussi publié des photos d'elle, très intimes, provoquant la colère et la honte de sa femme , en butte aux commérages du village....
Cette quête du passé des parents, l'interrogation sur la disparition de la mère - pourquoi? où? - la durée du sentiment amoureux, toutes ces questions que finalement chacun se pose un jour, tout ceci contribue à vous faire entrer dans le livre et cheminer en même temps que le héros.
Les descriptions des paysages sont aussi prodigieuses, on pourrait les peindre après les avoir imaginés d'après les écrits de cet auteur!
Des années plus tard, en Amérique, on me raconta que les indiens Navajo croyaient que les coyotes, par leur chant, pénétraient les arcanes de l’univers, côtoyaient les frontières du néant, vivaient au-delà de toute temporalité, pointaient leur museau vers le ciel et, dans un cri faisaient naître le monde à leurs pieds. Les Indiens les appelaient les « chiens chantants ». Par leurs hurlements ils donnaient forme à l’univers, chaque son se mêlant à un son, origine même de tous les autres chants. Il y a longtemps, quand Mam et Dad me racontaient toute leur vie au Mexique, je croyais ce qu’ils me disaient. Et je suppose que c’est encore le cas aujourd’hui. C’était mon chant du coyote à moi : ma mère près du fil à linge, mon père luttant contre le courant. Ils essayèrent de toutes leurs forces de me dire à quel point la vie avait été belle, que les coyotes existaient vraiment et qu’ils avaient fait partie de leur univers en chantant pour eux le jour de leur mariage. Et cela avait peut-être été le cas. Peut-être qu’un gigantesque hurlement avait traversé tout le désert pour parvenir jusqu’à eux. Mais le passé est un domaine rempli d’énergie et d’imagination. Le souvenir nous permet d’épurer la mémoire. Nous réussissons à aménager notre univers à l’intérieur du quark originel qui marque l’instant de la grande explosion.
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