Le pinceau-livre

Vendredi soir, dans la salle de spectacle de mon village, un moment de grâce. Je connaissais peu Vincent Roca, j'avais écouté quelques chroniques et apprécié sa maîtrise de la langue française et son esprit fin.

Il a reçu le mois dernier le Prix Raymond Devos de la Langue Française et c'est grandement mérité.

J'aimais beaucoup Raymond Devos et j'ai retrouvé chez Vincent Roca cette merveilleuse façon de jouer et jongler avec les mots. Son spectacle alterne les moments drôles et les instants d'émotion, un vrai régal! Il faudrait d'ailleurs voir ce spectacle deux fois pour en comprendre tout le sens tant il va vite dans ses jeux de mots!

Tous les textes de ce show tournent autour du temps, le titre le dit " vite, rien ne presse"! Mais dépéchez-vous d'y aller!

Voici la notice de présentation écrite par lui-même:

Vincent Roca sort des cadrans battus et s'interroge, entre laps et perpète, sur ce temps qui ne nous quitte pas d'une semaine. il profite de cet instant pour décortiquer toutes les astuces et les bizarreries de notre vocabulaire.

POURQUOI QUAND ?

Il fait gros temps : pluies de secondes, tourbillons de moments, vent de folie, on entend le clapotis dans les bassines.

Il y a des courants d’air, et ça fuit de partout. Dans les idées, dans les cintres, par les pores. Le futur se prend les pieds dans le présent et culbute dans le passé.
Il y a là un homme qui voudrait fixer, mettre des bâtons dans la roue du temps. Il est un clandestin du temps.

Construire des briques de silence tout en vidant son sac.

Sortir les grandes orgues, inviter les dieux, braver les empêcheurs en eaux troubles, moquer joyeusement ceux qui roulent sur la bande d'apeurés d'urgence, arrêter la dérive des incontinents.

Faire l'éloge de la fuite, de l'ennui, de la lenteur. Emprunter des raccourcis et faire des détours.

Bref, taquiner l'horloge, en se faisant le plaisir de joindre les deux bouts : le début et le défunt.