Libertango - Frédérique Deghelt
Après diverses lectures d'été, excellentes( Le lys de Brooklyn de Betty Smith,A l'orée du verger de Tracy Chevalier) , bonnes ou moins bonnes (pas de noms, après tout chacun ses goûts) , le hasard ( ah non c'est vrai il n'existe pas!) m'a fait revoir une ancienne collègue et amie qui m'a conseillé un livre qu'elle qualifia d'extraordinaire.... Merci à Mireille L. pour cette suggestion!
Car voyez-vous j'ai rencontré Le LIVRE, celui qu'on espère lire un jour, celui qu'on voudrait ne jamais finir tout en ayant hâte de le dévorer....
Un livre magique, somptueux qui parle de musique.... Et qui rejoint tout ce que j'en pense moi l'inculte dans ce monde musical des auteurs classiques! J'écoute de la musique depuis tellement longtemps sans vraiment en connaître les codes, j'en ressens les vibrations, la sonorité, ça me remue, me bouleverse, me porte , sans que je sache vraiment pourquoi...
J'ai adoré ce roman, qui regroupait à la fois mes sentiments sur les personnes handicapées et ma façon de concevoir les concerts, bien loin de tous ces gens sérieux et endimanchés qui croient être les seuls à savoir!
Quel bouquin fascinant, quelle énergie il insuffle, quelle magnifique conception de la vie, de la politique, bref un livre de chevet à garder sous la main..... je l'ai d’ailleurs offert à deux personnes proches en espérant qu'elles aussi seront emportées par cette vague musicale!
Si vous aimez, partagez cela avec moi!!!!!!
Le mot de l'éditeur :
Dans cette famille ulcérée par la présence d’un enfant abîmé, Luis n’est porté par aucune confiance tutélaire. L’oreille collée au transistor, il s’échappe, grandit en écoutant, en découvrant l’enlacement des arpèges, la beauté des concertos, cantates et symphonies, et chaque partition lui devient peu à peu territoire de savoir.
À vingt et un ans, seul sur les bords de Seine, Luis est soudain bouleversé par le son d’un bandonéon. Sa vie s’ouvre à l’avenir.
“Je suis né à la plus pure proposition de l’univers, dira-t-il plus tard : celle de l’amour de la musique.”
Libertango est le roman le plus envoûtant de Frédérique Deghelt. Un livre d’allégresse qui génère et convoque l’émotion du beau, cette émotion que la musique retrouve en chacun de nous, même au pire de la guerre. Une émotion qui porte Luis et le sauve.
Des extraits (il faudrait citer tout le livre!) :
certes pas être le cow-boy viril de la bande et je le savais, mais je ne voulais pas non plus qu’on me relègue au rang de grabataire. On peut dire que j’ai assumé avec une certaine placidité la tendance des femmes à venir pleurer sur mon épaule. En tant qu’être souffrant, je devais sans doute donner l’impression que je pouvais les comprendre, ce qui était on ne peut plus faux. Je ne comprenais rien à leurs larmes, ni à leurs regrets de ne pas être aimées par une bande de crétins qui se foutaient pas mal de ce qu’elles étaient véritablement et de ce qu’elles attendaient de la vie en général et d’eux en particulier. Moi, ça faisait bien longtemps que j’avais compris qu’être une femme était une sorte de handicap d’un autre genre. En tout cas, pour vivre avec des hommes ! Car les femmes comme les handicapés jouissent naturellement d’un sens aigu de l’être humain qui n’est pas donné à la plupart des hommes normaux que j’ai croisés toute ma vie. En ce qui me concerne, les femmes ont été des alliés formidables et plus rarement, sans le savoir, des monstres de cruauté qui certainement bien plus que les humiliations directes que m’ont infligées certains hommes, ont contribué à mon effondrement... Pourquoi est-ce que je vous parlais de tout ça ?
— Parce que je vous ai demandé de me parler de votre rapport aux femmes.
— Ah oui ? Il va falloir que vous me posiez des questions plus précises, parce que je risque de me perdre. Et puis ce sujet-là est trop vaste pour être traité sans musique. Avez-vous déjà imaginé toutes ces formes féminines que je caresse en dirigeant ? Je ne caresse pas le vide, oh non, je n’ai jamais désiré me priver de la sensualité d’une gestique fluide, même si mon membre gauche a essayé de m’entraîner abruptement vers le chaos. Interpréter veut dire s’abandonner, et s’abandonner à la peur de l’abandon aussi. Une œuvre contient l’harmonie de toutes nos contradictions et pour cette raison, elle est blottie dans chaque particule qui nous compose. Nous ne devons pas oublier que nous recevons en héritage les rêves d’un compositeur, et rien n’est plus grave que la responsabilité de rêves qui ne sont pas les nôtres. Dans une partition, les indications peuvent être claires, mais en contradiction avec la musique qui naît. L’espace entre ce qui est écrit et ce qu’on joue est infini. Il dépend de notre capacité à saisir du silence entre les notes, à faire éprouver ce qui ne peut être joué, à propulser dans le cosmos des étoiles dont on ignore l’existence.
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