Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

Les "dys", les "extras" et les autres....

 

Avant d’entreprendre la lecture du titre du livre de Cécile Bost « différence et souffrance de l’adulte surdoué », je me dis que ce sera un livre de plus qui parlera, comme de nombreux auteurs l’ont fait, du côté « petit génie » du surdoué.

Heureusement, dès l’introduction je suis rassurée et très intéressée par son propos :

 
Je n'aime pas les mots «surdon», «douance», «surdouance», «doué», «surdoué» ou même «HPI» (haut potentiel intellectuel). Porteurs de beaucoup d'idées fausses, ils me renvoient aussi aux plus sombres moments de l'Histoire, quand la catégorisation des groupes humains a fondé la décision d'en exploiter, voire d'en éliminer certains. J'utilise ces qualificatifs par pure commodité, car je n'ai pas, jusqu'à présent, réussi à en trouver de plus satisfaisants pour décrire une population au mode de fonctionnement particulier et avéré.
Le terme «surdoué» porte à confusion. La compréhension commune que l'on en a conduit à des malentendus et à de la souffrance. Le surdon est une réalité neurophysiologique.
Un surdoué, qui pense en permanence de façon différente, vivra très souvent l'expérience de l'isolement. Pas seulement un isolement physique ou affectif, mais plus sûrement une vraie solitude, un enfermement, parfois intolérable à endurer. Il est très rare que les surdoués s'ouvrent à qui que ce soit de leurs pensées et de leurs ressentis, même à leurs proches, et cette impossibilité à communiquer peut prendre un tour dramatique. Rompre l'isolement est fondamental
.
[…]
Un mot caractérise au plus près cette population particulière : «polymathe» - qui a des connaissances variées et approfondies. Mais, reconnaissez-le, ce mot ne fait pas vraiment rêver... Mon fils aîné m'a un jour proposé le terme d'«absurdoué». C'est le terme que j'aimerais bien garder en fin de compte, tant, effectivement, il y a quelque chose d'absurde dans le surdon, au-delà de la capacité effective à pouvoir s'intéresser en profondeur à différents sujets.
Un surdoué, ce n'est pas seulement une magnifique mécanique intellectuelle. C'est d'abord, et avant tout, un être d'une sensibilité physique et émotionnelle exacerbée, d'une hyperémotivité, au coeur d'un combat de tous les instants, qui absorbe une partie majeure de son énergie personnelle quotidienne.

Alors bien sûr, pour les autres, dès qu’on parle de surdon , c’est un peu comme un « coming out », c’est la différence qu’on dissimule parce que presque tout le monde confond surdon et élève brillant, futur polytechnicien. On se dit, « tiens, il (elle) a pris la grosse tête !

C’est aussi une errance qui peut durer des années parce qu’on se croit comme les autres, voire moins bien que les autres, seulement parce qu’on a une façon de penser différente.

Et c’est dommage, parce que, même en étant « dans le métier » on peut aliéner sa vie, gâcher celle de ses proches, ne pas savoir comment agir ni pour soi, ni pour eux.. 

Combien de dépressifs, presque réputés incurables, sont des « extranormés » qui s’ignorent ?

Grâce (enfin !) aux neurosciences , on peut maintenant prouver par l’imagerie cérébrale et par d’autres test que ce fout QI, qu’il y a surdon, que l’on naît ainsi et qu’on mourra hors norme !

 

Apprendre l'imperfection passe par le lâcher-prise, le plaisir de la curiosité et de l'expérimentation, sans pression du résultat. Aux adultes paralysés par une autocritique permanente et par le doute, voire par un réel sentiment d'infériorité, il est important de réapprendre le processus "essai/erreur" où ils se donnent le droit à l'erreur (un enjeu de taille, il ne faut pas s'y tromper !)

Une suggestion : identifiez les erreurs commises par des décideurs de tous ordres. Et vous verrez, je vous l'assure, qu'ils en commettent aussi. Ouvrez les journaux, écoutez la radio ou regardez la télévision et admirez combien de ces décideurs sont vivants, en bonne santé, et prêts à prendre de nouvelles décisions.
Visiblement, faire une erreur ne tue pas !

 

Dans le cadre professionnel, l'adulte surdoué est aux prises avec la nécessité de se conformer à sa hiérarchie. D'autant que ses supérieurs peuvent aller jusqu'à le considérer comme ingérable, voire dangereux pour l'organisation, quand ce n'est pas pour eux-mêmes. Pourtant l'adulte surdoué ne fait que regarder et poser des questions. Il ne cherche qu'à bien faire...

 

Le besoin d'isolement doit également être observé de près. Les témoignages recueillis pour ce livre ou sur mon blog l'ont exprimé : beaucoup de surdoués disent qu'(ils ont absolument besoin d'être en dyssynchronie avec le reste du groupe, surtout quand celui-ci est important. Le bombardement sensoriel est alors intense et l'adulte surdoué sature très vite. bruits, lumières, odeurs, mouvements, conversations - et même l'ambiance qui se dégage du groupe - sont autant d'informations captées massivement en un minimum de temps, qui épuisent. Le moyen le plus simple de se reposer est alors de "décrocher", de se replier sur soi, d'être là sans y être, en s'abîmant dans ses pensées pour se couper du monde extérieur.

Il ne faut pas confondre avoir un QI élevé (et pas forcément surdoué) et les caractéristiques décrites par Cécile Bost (oui même un dyslexique peut être surdoué !) :

 

  • Adulte perçu par son entourage soit « trop » ou « pas assez », pas dans la norme;

  • Personne ayant divers champs d’intérêts et souvent, beaucoup de connaissances sur chacun des ces champs;

  • On retrouve deux profils en fonction de la manière dont l’hypersensibilité est gérée:

    • D’un côté, trop impétueux, trop rapides, …

    • De l’autre côté, trop réservés, trop silencieux, …

  • La quasi-totalité des caractéristiques suivantes concerne chacun des profils:

    • « Trop » exigeants ou intransigeants;

    • « Trop » perfectionnistes et souvent incapable de déléguer;

    • Commencent « trop » de choses et ne finissant rien. Ils captent plus vite beaucoup de choses, ils sont curieux de tout, s’intéressent à tellement de choses qu’ils en apparaissent dispersés;

    • Passer du « coq à l’âne » dans une conversation;

    • Plus que d’autres, énergiques, infatigables – sur tous les fronts, certains sont épuisants à suivre dans leur rythme tant au travail que dans leur vie personnelle;

    • Ils peuvent abattre des sommes de travail, avec une qualité de production qui est en général performante voire au-dessus du lot. Ils sont souvent appelés en situation d’urgence car on sait qu’ils sont à peu près les seuls capables de faire face.

    • Très souvent brillants, ce sont des créatifs, ayant en permanence des idées originales, personnelles, novatrices;

    • D’un caractère ombrageux, ils sont difficiles, voire impossibles à gérer;

    • « Trop » indépendants. Ils sont capables de critiquer les décisions hiérarchiques, au point d’être parfois qualifiés de déviants dans une organisation classique un tant soit peu structurée;

    • Ils n’ont aucun sens pratique, ils sont « trop » rêveurs, conceptuels, « pas assez » terrain;

    • Ayant une pensée complexe, ils ont l’art de couper les cheveux en quatre;

    • Ayant un sens de l’humour particulier;

    • Ils sont très déterminés, voire entêtés;

    • Anxieux en permanence avec une étrange tendance dépressive;

    • Ayant en général peu d’amis, préfèrent les activités solitaires ou bien, papillonnent de tâches en tâches sans s’engager;

    • Individus toujours décalés, ils détonnent en fait partout où ils passent;

    • On ne comprend pas pourquoi ils ne réussissent pas mieux dans la vie, ils sont intelligents, voire brillants, en bonne santé;

    • Ils sont souvent amateurs de sports extrêmes;

    • C’est à croire qu’ils ont toujours besoin de faire plus, mieux, plus loin, plus fort… comme s’ils vivaient toujours en compétition;

    • Ce sont des amateurs de casse-têtes, d’énigmes, jeux de mots, des disciplines en -ogue (logos);

    • Ce sont en tout cas des adultes qui ne passent pas inaperçus.

 

Alors bien sûr, on n’est pas obligé de cocher toutes les cases ! Aucun « extranormé » ne ressemble à un autre, même si intuitivement (encore !) ils se reconnaissent ….

C’est pourquoi ces écoles, ces groupes, toutes ces normes encore pour des gens qui ne sont pas normés, me semblent peu utiles, sauf à savoir qu’on n’est pas seul !

Et puis il faut se méfier de cette mode où on trouve des génies partout, à la télé par exemple, ou bien à l’école quand bien des parents rêvent d’avoir engendré le génie du siècle…

Voyez-donc comme tout est compliqué !

Cécile Bost précise aussi combien il est difficile pour une femme de reconnaître sa douance, comment se croire plus rapide, plus efficace que certains collègues ? Il est remarquable de voir à quel point peu de spécialistes femmes sont conviées pour témoigner dans les médias !

Et l’émotion sera toujours présente, elle l’est d’ailleurs depuis  toujours, mais pour une femme, on met très vite cela sur le compte de ses hormones ! :

 

« …Le cerveau émotionnel de l’adulte est profondément marqué par les souvenirs des toutes premières années de la vie […] C’est ainsi que les adultes surdoués peuvent être à des années –lumière de leurs pairs en matière de connaissances, alors qu’ils semblent si peu matures quand il s’agit de la gestion émotionnelle… »

Vous aurez compris que je vous recommande la lecture de ce livre que vous soyez concernés ou non, c’est une richesse de pouvoir comprendre les autres… Et même en essayant de résumer et de citer, je n'ai pas pu faire le tour de la question et transcrire  l'intégralité de la pensée de l'auteur qui s'appuie rigoureusement sur des expériences , des constatations et des avancées scientifiques à ce sujet.

 

 

« Quel que soit son domaine de création, le véritable esprit créatif n’est rien d’autre que ça :   une créature humaine née anormalement, inhumainement sensible. Pour lui, un effleurement est un choc, un son est un bruit, une infortune est une tragédie, une joie devient extase, l’ami un amoureux, l’amoureux est un dieu, et l’erreur est la fin de tout. Ajoutez à cet organisme si cruellement délicat l’impérieuse nécessité de créer, créer, et encore créer – au point que sans la possibilité de créer de la musique, de la poésie, des livres, des édifices, ou n’importe quoi d’autre qui ait du sens, il n’a plus de raison d’être. Il doit créer, il doit se vider de sa créativité. Par on ne sait quelle étrange urgence intérieure, inconnue, il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer. »
Pearl Buck (1892 – 1973)

 

 



23/04/2018
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