Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

En son nom....

En ces temps de haine, de violence et de jugement prompt et définitif dans la vie publique comme dans la vie privée,en ces temps de bouleversement et de renaissance, les souvenirs affluent et l'image de mon père s'impose à moi. Humaniste dans ses idées comme dans ses actes... Et insoumis, terriblement insoumis bien que fidèle à la morale...

Il me disait souvent sa haine de la guerre, il faut dire que je suis née en son absence , pendant qu'on l'avait envoyé guerroyer en Tunisie fin 1954. Son supérieur lui ayant claironné "Gros ( son nom) tu as fait le con, tu as fait une fille" pour lui annoncer ma naissance, mon père lui a répondu du tac au tac " et bien tant mieux elle ne fera pas de la chair à canon comme moi". Sa grande fierté était d'avoir ramené toute son unité intacte, pas de mort donc. Il n'a plus jamais voulu aborder ce sujet qu'on sentait douloureux. D'ailleurs il n'a jamais souhaité faire partie des anciens combattants, il avait écrit un texte à ce sujet quand jeune encore la maladie lui a coupé les ailes " je ne vois pas pourquoi honorer les combats ,la guerre ne fabrique pas seulement des héros et des lâches mais essentiellement  des veuves et des orphelins".

Dans son usine il a été le premier à venir travailler sans cravate, puis le premier à montrer son bulletin de paye, "rien à cacher" affirmait-il!

Quand il a repris ses études pour passer un diplôme d'ingénieur j'étais adolescente et nous comparions nos exercices de mathématiques, j'ai gardé sa règle à calculer dont j'avais appris à me servir au lycée moi aussi.

Il travaillait souvent à l'étranger pour de longues périodes et m'avait appris que le racisme était comme une maladie qui frappe n’importe comment. Ceci dit il ne faisait pas d'angélisme et reconnaissait la difficulté de travailler ailleurs...

Le plus grand choc et la plus grande leçon aussi fut quand il me jugea assez grande pour lire le livre de Caryl Chessman, condamné à mort aux États-Unis et exécuté. Coupable ou  innocent , peu importe il voulait que je sache son opposition à la peine de mort et que j'approche au plus près l'horreur de cet acte.

Il n'est plus là depuis décembre 1999 et je me demande souvent ce qu'il aurait pensé de cette époque que nous vivons, de toutes ces "affaires" qui déshonorent notre classe politique... Que de discussions nous aurions et comme il aurait été fier de voir ce que ses petites filles sont devenues, comme il aurait été heureux de voir toute cette tribu qui  assure sa descendance! Je sais combien il leur manque...

Oui je sais le manque.... Et le savoir au pays des ombres familières ne change rien  à l'affaire!



11/06/2014
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