Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

Elle et moi......

Ce matin, je me réveille tôt ( comme d'habitude!), j'entends quelques oiseaux qui piaillent, le merle du coin qui chante et s'égosille,  le coq du village qui s'époumone, visiblement il fait beau, ça va être une belle journée!

Je remonte le store et je vois une silhouette  assise par terre près de la porte du marchand de journaux. Je ne vois pas si c'est un homme ou une femme. L'instinct de la secouriste me fait penser à un malaise. Je regarde mieux, non, il y a un sac près d'elle ainsi qu'un duvet roulé. Bon sang, c'est un ou une SDF! Ainsi dans mon village si calme mais tout près de Lyon est venue s'échouer un ou une cabossé(e) de la vie....

Petit déjeuner, toilette, un peu de ménage, je jette à nouveau un oeil par la fenêtre, toujours cette silhouette assise, elle a un sac  en papier , visiblement quelqu'un lui a apporté une douceur. D'autres passants la regardent à la dérobée, visiblement stupéfaits et décontenancés! Quoi! Dans ce village un peu bourgeois, la misère est là!

Comme je dois aller retirer un peu d'argent liquide et acheter une revue , je décide d'y aller maintenant.

J'arrive près d'elle , c'est une femme, qui baisse la tête et reste maintenant debout près de la vitrine.

"Bonjour!" , elle me répond " bonjour" d'une voix éteinte mais sans lever les yeux. 

"Avez-vous un besoin particulier?" "Non"

"Vous êtes visiblement dans une situation difficile, vous avez dormi dehors?" Elle secoue la tête "Non".

Je ne capte pas son regard, rien à faire.

"Vous avez faim?" "Non".

J'entre dans la magasin, je fais mes achats, je ressors et je fais une dernière tentative. "Et si je vous donne un peu d'argent comme ça, juste un geste de générosité, vous acceptez?" .

 Et là enfin elle relève la tête, elle doit avoir à peine cinquante ans, et des yeux bleus rencontrent les miens. Elle sourit et me dit "oui" sans pour autant tendre la main. Je lui glisse un billet , je rajoute " je vous souhaite malgré tout une belle journée" et je rentre en larmes, décidément je n'arrive pas à me faire à cette pauvreté, cette détresse produites par une société où les gens ne trouvent plus de quoi se loger et se nourrir...  Je sais certains vont dire qu’il y a des pros de la mendicité , et  je suis moi-même parfois agacée par ces filières mafieuses qui contraignent des femmes et des enfants à mendier près des feux tricolores,  mais là devant une telle détresse silencieuse, devant une telle dignité, on se sent impuissant et en colère, vous rendez-vous compte la place du village près de l'église s’appelle place Abbé Pierre! Parce que la famille Grouès est originaire d'Irigny et qu'il y a séjourné....

Une heure plus tard je jette un oeil par la fenêtre, elle n'est plus là... Est-elle partie de son plein gré ou dérangeait-elle la vie des Irignois moyens?

 

Je m'aperçois que j'ai déjà posté un article sur un autre SDF rencontré à Bron il y a quelques années... Décidément!!!!

D'ailleurs à Carnon, un lieu de nos vacances, il y a environ quinze ans. il y  avait Mickey, une presque célébrité locale, sympathique mais tellement pauvre lui aussi! Avec mes filles nous lui portions des restes de nos pâtisseries quand nous avions des invités, il était ravi et leur faisait la morale " ah les filles , il faut bien travailler à l'école pour ne pas devenir comme moi!".

 

Que deviennent donc tous ces gens qui frôlent nos vies et nous font nous questionner....

 

 

 

 



20/06/2014
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