Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

Ce que je peux te dire d'elles - Anne Icart

Après un premier livre autobiographique ( les lits en diagonale), Anne Icart nous offre son premier roman. Je l'ai acheté un peu au hasard en fouinant dans les rayons de la librairie Decitre, près de chez moi ( ah, ne me lâchez pas dans une librairie, vous ne me reverrez pas!) .

Et j'ai été séduite par l'écriture limpide, conquise par le destin des ces femmes décrites avec tant de justesse que ce soit par la récit de leur vie des années cinquante à nos jours ou par les sentiments d'une enfant élevée par trois femmes solidaires et unies par un destin choisi ou subi...

 La narratrice, Blanche, qui vit à Toulouse, rejoint à Paris sa fille qui vient d'accoucher et qu'elle n'a pas revue depuis trop longtemps, leur relation s"étant distendue sous le poids de ses propres choix (élever seule cette enfant) et par la lourdeur des secrets de famille....

Blanche a été élevée par sa mère et ses deux tantes, un monde exclusivement féminin, sa mère Angèle, veuve pendant sa grossesse et jamais remise de cette perte d'un grand amour, sa tante Justine, féministe de la première heure, et Babé la douce, fidèle à un mari parti dans les îles lointaines exercer son métier de médecin.

Ces trois dernières élevées par leur grand-mère ont aussi pas mal de valises à déposer!

 Quand on décrit ces situations cela paraît presque caricatural mais Anne Icart sait donner  à chaque personnage une grande intensité et décrit à merveille les relations d'une mère à son enfant quand cela ne va pas tout seul....

Ce roman, c’est l’enfance, la route vers l’âge adulte, les blessures, les relations conflictuelles avec ses sœurs, avec sa mère, c’est l’amour, la famille, la vie, les destins.

Résumé :

Elles... C'est un clan décliné au féminin : mères, soeurs, filles, petites-filles. En trois générations, plus l'ombre d'un homme ; la vie en a voulu autrement. Dans ses cahiers noirs, Blanche rassemble ses souvenirs et 50 ans défilent : le combat féministe, l'entreprise de haute couture familiale, les liens, les rires, les chagrins, les absents... Il est temps de tout dire. Peut-être parce qu'aujourd'hui un garçon est né... Celui de Violette, la fille de Blanche, qui a coupé les ponts.
Dérouler le fil des mots de leur histoire pourrait bien se conjuguer à présent avec « eux ».

 

Extraits :

"Aimer la vie. Coûte que coûte. Malgré les attentes interminables, les désirs inassouvis et les espoirs enfuis."

 

 

"Les blessures de l’enfance laissent aux adultes des cicatrices brûlantes. Tout dépend de la façon dont elles ont été soignées."

 

 

"- Mes délires féministes ? Mes délires féministes ! Mais qu'est-ce que c'est au juste pour vous un délire féministe ? Faire en sorte qu'on n'avorte plus dans la clandestinité ? A grands coups d'aspirations qui arrachent tout au passage, qui font du ventre des femmes un vrai champ de bataille d'où il ne ressortira peut-être plus rien ? C'est ça pour vous, un délire féministe ? Être abandonnée à son sort, se faire insulter, être une paria parce qu'on a choisi de ne pas avoir un enfant qu'on n'a ni voulu ni désiré ? C'est un délire féministe que de ne plus vouloir se faire torturer les tripes sur une table de cuisine, toute seule parce qu'on sait que ceux qu'on aime le plus ne comprendraient pas ? C'est un délire féministe que de vouloir être libre ? C'est ça que vous pensez ?"

 

 

" Trois mères.
Pour moi toute seule.
Trois mères vivantes.
Malgré tout.
Virevoltantes. Énergisantes. Polluantes. Ultraprésentes.
Une chance ? Allez savoir... Ça dépend des jours.
Du plus loin que remontent mes souvenirs, il y a trois visages penchés sur moi.
Un blond, un brun, un auburn.
Sur mon lit, sur mes premiers pas, sur mes devoirs, sur ma vie.
Une série de mains fraîches sur mon front les nuits de fièvre.
Quelques notes de comptine. Bonsoir Madame la Lune, bonsoir...
Et ce curieux, subtil sentiment d’absence aussi. Du père..."

 

 

"Il sait aussi que ce ne sera pas facile d'avoir sa place au milieu de ces femmes. Il les voit si proches et si solidaires. Il ne les comprend pas forcément, mais il met ça sur le compte de la nature. Les hommes ne comprennent pas toujours les femmes et réciproquement. On n'y peut rien, c'est comme ça. Il n'a pas eu de sœur et sa mère, bourgeoise d'un autre temps, l'a élevé dans une religion patriarcale bien ancrée. Fils unique, il a été un demi-dieu, voire un dieu entier, habitué à être servi par une femme servile et heureuse de l'être. Même son père était si fier de lui qu'il ne lui a jamais rien refusé. Alors forcément, l'unité féminine, un brin féministe, que forment ces trois femmes le plonge parfois dans des abîmes de perplexité. Mais à ses yeux, leur gaieté l'emporte sur la radicalité de certaines attitudes. Elles peuvent bien travailler, fumer et être indépendantes. La joie de la rue d'Aubuisson l'a gagné, lui le fils de l'austérité."



07/05/2014
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