Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

J'irai tuer pour vous. Henri Loevenbruck

Cela fait bien longtemps que je n'ai pas publié un article à propos de mes lectures, et pourtant je suis une insatiable lectrice!

Ma fille aînée m'a recommandé ce livre : 828 pages dévorées en quelques jours, je n'arrivais pas à m'arrêter!

 

Voici le résumé, 4ème de couverture :

 

1985, Paris est frappé par des attentats comme le pays en a rarement connu.

Dans ce contexte, Marc Masson, un déserteur parti à l’aventure en Amérique du Sud, est soudain rattrapé par la France. Recruté par la DGSE, il est officiellement agent externe mais, officieusement, il va devenir assassin pour le compte de l’État.

Alors que tous les Services sont mobilisés sur le dossier libanais, les avancées les plus sensibles sont parfois entre les mains d’une seule personne… Jusqu’à quel point ces serviteurs, qui endossent seuls la face obscure de la raison d’État, sont-ils prêts à se dévouer ? Et jusqu’à quel point la République est-elle prête à les défendre ?

Des terrains d’opérations jusqu’à l’Élysée, des cellules terroristes jusqu’aux bureaux de la DGSE, Henri Loevenbruck raconte un moment de l’histoire de France – qui résonne particulièrement aujourd’hui – dans un roman d’une tension à couper le souffle. Pour écrire ce livre, il a conduit de longs entretiens avec «Marc Masson» et recueilli le récit de sa vie hors norme.

 

Mon impression :

 

A l'époque des faits, les otages du Liban, j'avais une trentaine d'années et je suivais l'actualité par le seul prisme des médias, il n'y avait pas internet. Des bribes d'information donc, toutes contrôlées par le pouvoir.

Cet homme, le héros du livre, agent extérieur de le DGSE a existé, il est à la fois volontaire pour mener cette vie particulière mais en même temps un peu à part et ce qui fait qu'on s'attache à lui.

Les dessous de la politique sont décryptés  et ce n'est pas très engageant, mais tellement réel et encore actuel!

 

Je vous invite à vous plonger dans ce livre passionnant, on en ressort plus informé et happé par cette histoire haletante.

Les citations ci-dessous vous en  donneront une idée !

 

Citations :

 

Très jeune, j'ai été déçu par le sens que le monde moderne a donné à la politique. Et par ceux qui la font. j'ai le sentiment que, comme va le monde, les gens s'intéressent trop à la politique et pas assez à la philosophie. La norme semble non plus d'avoir une pensée, mais un avis. Un avis politique. Au lieu de se forger chaque jour une philosophie de vie propre, on se sent obligé de choisir un camp, on devient un partisan, et, dès lors, on cesse de penser. on se met une étiquette, on en colle à autrui, et l'on ne juge plus qu'à travers elles. On fait de la politique un outil de dissension, de dispute, quand elle ne devrait servir que nos intérêts communs. Les gens qui font de la politique et ceux qui les élisent ne le font plus pour des raisons philosophiques, mais partisanes. ils ne pensent plus à l'humanité, mais à leur portefeuille.

 

 

En grandissant, au milieu des tumultes, la lecture ne m'a jamais quitté. J'ai toujours chéri les livres comme la plus grande richesse que les hommes puissent m'offrir. Je n'ai jamais possédé d'autre trésor que ma bibliothèque, jamais voulu m'entourer d 'autres décors que celui de ces milliers de vies, de pensées, de paysages à portée de main, offerts à chaque ligne à celui qui les lit, pour le prix d'une bouchée de seconde.

On dit que la lecture est un plaisir solitaire, mais celui qui ne lit pas est bien plus seul encore. Il lui manque le monde entier.

 

 

On se résigne. J'ai fini par apprendre à me contenter de ce que je suis. Un homme. Un petit homme. Bien loin des héros romantiques, des savants aventuriers et élégants auxquels les plus belles pages des plus grands auteurs me donnaient tant envie de ressembler. J'ai beau me battre pour y échapper - parce que, philosophiquement, la chose s'accorde mal avec ma haine du stéréotype - au fond, j'ai tout les travers du mâle, tous les poncifs de la plus navrante masculinité. J'aime les grosses motos qui font du bruit, les voitures qui vont vite, j'aime la bagarre, la boxe, les armes, la bière, j'ai une libido hypertrophiée, insatiable, j'aime les gros seins et les gros culs, je deviens fou quand on me fait une queue de poisson, je suis terriblement paternaliste, et rien ne me ferait plus honte que de pleurer en public. Je ne suis qu'un homme, en somme.

 

Il y en a qui disent que nous, les musulmans, on ne dénonce pas assez les attentats, qu'on devrait les condamner publiquement, et que si on dit rien, c'est qu'on les cautionne. Mais le reste du temps, on nous demande de nous intégrer, de faire comme tout le monde, de ne pas faire de bruits, de ne pas nous faire remarquer. Du coup, moi, je me sens complètement paumée, au milieu de tout ça. J'ai l'impression qu'on m'enlève le droit d'être simplement triste et terrifiée, comme tout le monde. Comme n'importe quelle Française. Dans la rue, j'ai l'impression qu'on me regarde de plus en plus de travers, comme si j'étais complice. Comme si je devais me justifier.

- Ca fait partie du plan des terroristes, Samia. Ils veulent faire monter le racisme et le sentiment anti-islam en Europe, pour que les musulmans s'y sentent de plus en plus rejetés, incompris, détestés, et que du coup, par réaction, ils se radicalisent, qu'ils rejoignent le camp des fondamentalistes. C'est vicieusement parfait, comme stratégie.

-Je sais. Et le pire, c'est que ça marche, Ollivier. L'autre jour, je suis sortie avec Fadia, et quand j'ai voulu nous commander à boire, elle m'a dit qu'elle ne prenait plus d'alcool. Et dans le métro, elle à mis un voile. Elle n'aurait jamais fait ça avant. Jamais. Et j'arrive pas à lui en vouloir, même si je trouve ça super triste. Elle a peur, en fait. Elle a besoin de se sentir appartenir à quelque chose d'autre, tellement elle a l'impression que la France la rejette. Je sais pas ce qu'on peut faire.

- C'est une histoire de fric, comme toujours. Derrière tout ça, il y a juste des pays qui, pour des raisons d'argent, essaient de mettre la main sur la communauté musulmane qui s'est installée en Europe, en espérant peser à travers elle dans les choix économique de nos pays.

- Et pourquoi les a-t-on laissés faire ?

- C'était une stratégie occidentale pendant la Guerre froide, Samia. Les Américains ont favorisé l'expansion d'un islam radical en espérant que cela empêcherait l'avancée du communisme et de l'influence soviétique dans le monde arabe. On a appelé ça la stratégie du "vert contre le rouge". Une immense connerie...

 

 



16/07/2020
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