Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

Rosemonde Gérard - Laurence Catinot Crost

Autant le dire tout de suite je n'ai pas été séduite par la forme de ce récit! Je croyais découvrir un roman de la vie de Rosemonde Gérard car elle mérite vraiment d'être écrite avec plus de panache!

Je n'y ai trouvé que des descriptions interminables , des courriers entre les époux , assez peu de Rosemonde d'ailleurs car Edmond Rostand a brûlé les lettres de son épouse et lui a enjoint d'en faire de même ce qu'elle n'a pas fait , heureusement!

L'époque y est parfaitement décrite et on y trouve pas mal de personnages célèbres qu'il est intéressant de mieux connaître, Jules Renard, Anatole France, Anna de Noailles, Sarah Bernhardt.

Pour le fond par contre je comprends enfin le rôle de cette poétesse qui a mis sa carrière entre parenthèses pour se consacrer entièrement à l’œuvre de son époux et à l'éducation de ses enfants Jean et Maurice. Elle sera très fière de la carrière de biologiste et d'écrivain de Jean et protègera Maurice du mieux qu'elle peut.

De ce récit Edmond Rostand ne sort pas grandi. Certes il a du génie, il sait écrire ( Ah Cyrano!!!!) mais sa personnalité n'est pas séduisante.

Rosemonde, corrige les écrits de son mari, lui fournit de la documentation, récupère ce qu'il jette, prépare le matériel pour les représentations, le couve, le soigne, le porte à bout de bras. On y découvre un homme qui souffre de maniaco-dépression  et qu'il faut sans cesse rassurer ou calmer!

Sa santé fragile le mine et il cherche sans cesse une autre reconnaissance, celle de l'écrivain...

Rosemonde ne vit que pour lui et ferme les yeux sur le côté séducteur de cet homme, sur ses infidélités,  elle ne cèdera pas à Jules Renard, pourtant amoureux d'elle.

La rupture surviendra lorsque le fils aimé Maurice aura besoin d'une intervention chirurgicale à Paris et que Edmond restera  au pays basque, la laissant assumer seul le voyage et l'opération.

A partir de ce moment ils sauveront longtemps les apparences avant de divorcer.

Elle reprendra sa carrière avec cette joie de vivre qui ne l'a jamais quittée et qui a sans doute fait de cette femme une muse, "la fée" d'Edmond Rostand. On ne connaît d'elle, bien souvent , que les vers rendus célèbres par la médaille créée par Augis "Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain."

Cette femme d'exception a choisi sa vie mais on ne peut qu'être triste devant un destin entièrement consacré à un homme un peu ingrat...

Voici quelques courriers :

Edmond :

« Je me suis un peu habitué à ne rien faire par moi-même. Votre amicale tyrannie, votre despotisme cher me manquent. Personne ne me gronde plus ! »

« J'ai soif d'art, d'une œuvre véritable, délicate, peut-être puissante, de quelque chose qui en le faisant, me donne un petit battement de cœur d'émotion ou d'orgueil. (...) Encouragez-moi. Fortifiez mes résolutions. Et, puisque vous avez consentit à vous occuper de moi, veillez bien sur mes rêves... »


Rosemonde :
« L'argent, pour des gens comme nous, est-ce que ça existe seulement ! Mais la gloire ! La gloire, vois-tu, je la rêve ardemment pour toi. La gloire, je ferai tout pour que tu l'aies. Et si elle m'est si chère, c'est un peu parce qu'elle est comme un complément de notre amour. En effet, tu la désires parce que tu m'aimes et moi je la désire aussi parce que je t'aime. Et ce qu'il y a de merveilleux dans cela, c'est que cette gloire, nous y arriverons grâce à notre sublime amour. »
Edmond :
« A ce propos, la scène d'amour, tâche de la revoir, celle du dernier acte. Je la sais par cœur. Écris-la à partir de « Je t'ai toujours aimé va mon pauvre petit », jusqu'à la fin. Tu verras, comme moi, qu'il y manque je ne sais quoi. Et en la récitant peut-être y trouveras-tu une ou deux choses bien tendres et bien simples. »

 

Rosemonde :

« J'ai plusieurs idées pour La Sainte. (...) Si tu as comme ça d'autres petites choses à chercher, au lieu de t'agacer dessus donne-les moi. Mais, tu comprends, des petites choses possibles à trouver pour ma pauvre petite cervelle de femme et qui plus est de femme dont le Gri-Gri est à Paris... »

 

Et le témoignage du fils , Maurice, si fusionnel avec sa mère, si maniéré qu'ils feront l'objet de moqueries.

« Ma mère avait pour ainsi dire oublié volontairement qu'elle était poète ! Elle croyait si fermement à l'œuvre d'Edmond Rostand qu'elle ne voulait pour rien au monde en troubler l'accomplissement. Il lui semblait que le temps et l'attention qu'elle vouerait à son œuvre personnelle risqueraient de nuire à celle d'Edmond Rostand. Et ainsi, entièrement absorbée par le grand travail qui se faisait auprès d'elle, elle préféra celui-ci au sien jusqu'au jour où la gloire de mon père fut entièrement affirmée »

Et pour rester juste dans ce billet , voici la présentation de l'éditeur du livre :
 
Pour la première fois, un livre nous révèle la vie fascinante de Rosemonde Gérard, poétesse de renom, épouse d’Edmond Rostand. Rosemonde adorait la vie, la poésie, les jardins, les fleurs, les roses, les animaux, les enfants. Elle aimait l’étudiant en droit Edmond Rostand. Elle l’épousa et abandonna son art afin de se consacrer à l’édification de l’œuvre de celui-ci.Enthousiaste, imaginative, passionnée, volontaire, elle porta son époux à bout de bras, aplanit les difficultés, harmonisa le quotidien, orienta ses créations, géra ses désespoirs et combattit sa neurasthénie. Si bien que le couple qu’elle forma avec Rostand symbolisa le succès, le génie, la gloire de l’époque.Rosemonde, sous les traits d’une éternelle épouse, était douée pour le bonheur. Edmond Rostand ne l’était pas. Lorsqu’il quitta sa muse, l’oublia dans d’autres bras, Rosemonde, pour qui la poésie était l’essence même de la vie, reprit sa plume, travailla aux succès de ses fils Maurice et Jean tout en construisant de nouveaux bonheurs.Ce livre écrit, avec sensibilité et passion, par une autre femme, une autre poétesse, rend enfin hommage à Madame Rostand.
 
Et pour finir , un poème de Rosemonde :
 

Pourquoi je t’aime ? Hélas ! mon cœur
Voudrait comprendre son délire :
C’est peut-être à cause d’un pleur ?
Peut-être à cause d’un sourire ?
C’est peut-être pour un espoir
Ou peut-être pour une lettre ?
Ou peut-être parce qu’un soir
Nous avions ouvert la fenêtre ?…

Pourquoi je t’aime ? Hélas ! il faut
Voir un peu clair dans ce qu’on pense :
C’est peut-être à cause d’un mot ?
Peut-être à cause d’un silence ?
C’est peut-être par désespoir
Ou par lassitude morose ?
Ou peut-être parce qu’un soir
Tu m’avais apporté des roses ?…

Pourquoi je t’aime ? Hélas ! sans fin
Je redis cette phrase brève :
C’est peut-être à cause d’un rien ?
Peut-être à cause d’un rêve ?
C’est peut-être pour ton amour
Qui sent l’étoile et la verveine ?
Ou peut-être parce qu’un jour
Tu me feras beaucoup de peine ?…



20/08/2014
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