Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

La vie immortelle d'Henrietta Lacks - Rebecca Skloot

Le titre fait un peu penser à un roman léger, voire paranormal! Mais non, ce livre est tout ce qu'il y a de plus scientifique, documenté et passionnant! Pourtant c'est un essai qui se lit facilement, comme un roman!

Il a fallu à l'auteur 10 ans pour l'écrire, 10 années consacrées à  reconstituer la vie d'Henrietta Lakcs et de ses descendants, à retracer le long chemin de la recherche scientifique à partir des cellules de cette femme.

Presque tous les étudiants en biologie ou médecine ont travaillé sur ces fameuses cellelules HeLa sans savoir d'où elles provenaient.

Présentation de l'éditeur

Elle s’appelait Henrietta Lacks, mais les savants n’ont retenu de son nom que deux syllabes : HeLa. Elle travaillait dans les champs de tabac du Sud des États-Unis où besognaient ses ancêtres esclaves, mais ses cellules, prélevées à son insu, sont devenues l’un des outils les plus précieux de la médecine moderne. Emportée par un cancer foudroyant, en 1951, à l’âge de 31 ans, elle a contribué sans le savoir à la mise au point du vaccin contre la polio, au décryptage des tumeurs et des virus, à la mesure des effets de la bombe atomique, et à des avancées telles que la fécondation in vitro, le clonage ou la thérapie génique.

À travers l’histoire de cette femme et de ses proches, Rebecca Skloot nous invite à réfléchir aux enjeux éthiques, financiers et sociaux de la recherche médicale. Récit bouleversant, saga familiale, document historique et objet littéraire : ce livre étonnant aborde des questions simples, à la portée vertigineuse, auxquelles nul ne peut échapper. Qu’attendons-nous de nos médecins ? À qui appartiennent nos cellules ? Quelle place tient l’être humain dans un laboratoire ? De l’âme ou de nos cellules, qu’est-ce qui est immortel ?

« La plupart des textes à vocation scientifique s’en tiennent aux faits. Le livre de Rebecca Skloot est bien plus profond, plus courageux, plus beau… » 
The New York Time Sunday Book Review

 

Mon avis:

 

On sent que Rebecca Skloot a vu sa vie changer à partir de ce travail, elle a d'ailleurs créé la fondation Henrietta Lacks depuis.

Le livre comprends trois parties traitées en alternance: la vie d'Henrietta Lacks, la vie de ses descendants, l'histoire de ses cellules et de la recherche scientifique.

Toutes ces histoires se croisent et rendent la lecture passionnante.

On apprend beaucoup sur la vie dans le sud des Etats-Unis dans les années cinquante, on est étonné de voir à quel point les patients ( surtout les noirs) sont peu informés des traitements administrés, on découvre la recherche et ses tâtonnements, ses dérives aussi, ses chercheurs passionnés mais pas tous préoccupés du sort de "leurs cobayes".

Un livre instructif donc qui engendre une réflexion profonde sur la vie, les cellules, la recherche et les "expériences" menées.

 

Cette fois je ne metrais pas en ligne un extrait de ce livre, trop dense, que choisir, je fais donc un "copié-collé" d'un article paru sur le site AXOLOT et qui est très précis sur l'histoire des cellules HeLa:

Au mois de février 1951, l’histoire de la médecine fut bouleversée par une jeune mère de famille issue de la communauté noire de Baltimore, aux Etats-unis. A cette époque, le Dr George Otto Gey dirige le service de recherche sur la culture des tissus humains à l’hôpital John Hopkins de Baltimore. Il poursuit alors un seul but : vaincre le cancer. Pour ce faire, sa femme et lui venaient de passer plus de 20 ans à essayer de maintenir en culture des cellules cancéreuses afin de pouvoir les étudier. En vain. Jusqu’au jour où leur chemin croisa celui d’Henrietta Lacks…

Ce jour-là, quelques instants avant que la médecine n’entre dans un nouvel âge, Henrietta lacks est étendue dans une salle de l’hôpital Hopkins reservée aux noirs. Mère de famille agée de 31 ans, elle vient pour se faire soigner une tumeur maligne au col de l’uterus détectée huit jours plus tôt. Le gynécologue qui la traite au radium prélève un échantillon de sa tumeur et le fait passer au Dr Gey, qui fait alors une découverte sans précédent :  en plus d’être immortelles, les cellules cancéreuses d’Henrietta Lacks prolifèrent sans limite.

Jusqu’ici, on avait jamais pu cultiver de celulles humaines à l’exterieur d’un corps. A cause du faible nombre de divisions, la lignée cellulaire finissait par s’éteindre. Mais la présence d’une enzyme particulière dans les cellules d’Henrietta faisait que celles-ci se divisaient indéfiniment, si bien qu’on pouvait non seulement les étudier, mais également les distribuer dans d’autres laboratoires. Elles furent baptisées cellules HeLa (pour Henrietta Lacks).


Si les cellules cancéreuses d’Henrietta prospéraient à toute vitesse dans les tubes à essai, elles faisaient de même dans son organisme, et la malheureuse mourut quelques mois plus tard, le 5 octobre 1951. Ce qu’elle ignorait, c’est que ses cellules continueraient à vivre. Elle qui n’avait jamais traversé plus longue distance que celle séparant la Virginie de Baltimore, elle ne put jamais savoir que ses cellules se multiplieraient dans les laboratoires du monde entier. Comment cette petite fille d’esclaves aurait-t-elle pu imaginer que des parcelles d’elle-même seraient envoyées jusque dans l’espace pour étudier les effets de la gravité sur les cellules humaines? Et qu’elles permettraient de guérir la polio?

Aujourd’hui encore, les cellules HeLa constituent la lignée standard dans le cadre d’innombrables études liées à la cancerologie, la biologie, ou encore l’effet des radiations. Elles ont permis de remporter des prix Nobel. Elles ont sauvé des vies. Et elles sont tellement nombreuses à présent que leur biomasse dépasse celle du corps tout entier d’Henrietta lorsque celle-ci était vivante.

Mais si de nombreux scientifiques honorent maintenant la mémoire d’Henrietta Lacks pour son inestimable contribution à l’avancée de la médecine, il faut préciser qu’elle fut enterrée sans sépulture décente, et qu’elle ne fut même pas mise au courant du prélèvement pratiqué sur elle à l’hôpital. Sa famille elle-même ne l’apprit que 20 ans plus tard. Les cellules d’Henrietta Lacks sont immortelles, puisse son souvenir l’être aussi.

 

 

 

 



05/04/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 17 autres membres