Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

L'amour seul - Laurence Plazenet

Un livre dense, exigeant quant à sa lecture, certaines phrases demandent une relecture, un vocabulaire parfois difficile (besoin du dictionnaire) mais un livre qu'on dévore, dans lequel on plonge avec délice.....

On se sent aussi très inculte quand on découvre toutes les références bibliographiques de l'auteur.... Comment une si jeune femme a-t-elle pu lire, mémoriser tout cela, analyser tous ces textes et en tirer des références? Bien sûr, c'est son travail, mais je m'incline devant tant de culture......

J'avais lu "la blessure et la soif" , on retrouve dans "l'amour seul" le même style, sans doute encore plus précieux (imparfait du subjonctif) et les tourments de l'amour décrits une fois encore avec acuité et aussi, il me semble, beaucoup de désespérance.

L'amour est porté à son exigence absolue, les héros n'y trouvent pas de paix, se trouvent, s'éblouissent, se manquent, se perdent, se retrouvent et se perdent à nouveau.....

Il y a un contraste très fort entre les moments du livre où les personnages sont ensemble et les moments où la séparation les vide d'eux-mêmes et les oblige à trouver en eux d'autres ressources, d'autres gestes, pour survivre sans pour autant abandonner la pensée de l'autre.

En résumé, une lecture un peu ardue mais un plaisir intense!

 

Plutôt qu'un extrait, cette fois, je vous livre quelques phrases de l'auteur, dans un entretien sur le site du magazine littéraire.

 

" (...) j’ai une vision très humble de l’écrivain (...) . La représentation romantique du grand écrivain, du mage, du prophète, sur laquelle vivent beaucoup de gens, n’est pas du tout la mienne. Je vois davantage un écrivain comme un artisan, un passeur. À la limite, il ne compte pas. J’imagine qu’il y a là une incidence de ma formation : que sait-on d’Homère ? de l’auteur du Cantique des cantiques ? et quelle importance ? Ce sont les oeuvres qui comptent. De même, au XVIIe siècle, La Rochefoucauld publie anonymement ses Maximes, Mme de Lafayette ses romans. Racine est capable de cesser d’écrire des tragédies pour devenir historiographe du roi ! Et les Mémoires d’outre-tombe, publiées après la mort de Chateaubriand, sont une des oeuvres les plus fortes qui soient. J’aime ces silences du moi, la capacité au retrait, à l’effacement, le privilège donné à l’oeuvre, le fait que la conscience de cette dernière l’emporte sur toute carrière, stratégie de réussite ou recherche de la gloire. Vous savez, le premier romancier à vivre de sa plume et à en tirer une fabuleuse réputation est Mlle de Scudéry ! Ses livres sont beaucoup plus intéressants qu’on ne l’estime d’ordinaire, mais ce n’est pas mon modèle… (...) Le monde me paraît, de fait, absolument chaotique. Je ne me plains pas. Je suis une femme dans un pays civilisé. J’enseigne à la Sorbonne ; je viens d’être nommée à l’Institut universitaire de France. Je parviens à élever mes enfants. Mais plus je vieillis, plus je suis perplexe. Je vois tant de douleur, d’existences avortées, d’esprits bridés, de conflits inutiles, d’échecs, j’entends tant de mensonges et d’abominations… L’écriture est nécessairement une caisse de résonance, et de façon inversement proportionnelle peut-être à ma discrétion privée. J’ai horreur d’être importune, bavarde. C’est dans l’écriture, dans la beauté, dans la musique de la langue, que se trouve pour moi le seul ilot de paix, la seule ligne de fuite, voire l’unique sens de mon existence, ce par quoi je puis offrir quelque chose à autrui. Quand tout va mal, il me reste encore, jusqu’à présent, les livres – et la musique. "



21/08/2010
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