Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

J'aime, je n'aime pas.....

Tout d'abord le "j'aime".... Il fait beaucoup trop chaud pour dessiner, comme chaque été les pastels fondent et l'acrylique sèche trop vite. Il reste donc la lecture, dans la pénombre à peine fraîche du salon!

J'aime le livre de William Chiflet " sois bègue et tais-toi". L'auteur est bègue, il est né dans un milieu aisé et son handicap a toujours été accepté par sa famille. Il a donc grandi sans trop de mal avec cette particularité. puis peu à peu il a été regardé différemment par les autres, étudiants, examinateurs, rencontres d'un instant. Il a essayé toutes sortes de thérapies, mais finalement , même s’il a adopté des techniques pour essayer d'avoir une fluidité dans le langage, il est contraint de vivre avec son double intérieur qui ne prévient pas toujours quand il va se manifester!

Cependant il a toujours refusé de se taire , il a choisi un métier de communication et a toujours réussi à avoir des amis. Malgré tout quand il pense que son fils va bégayer , un jour où celui- ci bute sur les mots, il ressent comme un coup de poignard : surtout, que cet enfant n'ait pas à lutter comme lui contre ce bégaiement....

“La bouche se tord, le regard s’enfuit, les yeux s’écarquillent, la tête s’agite en tous sens, comme pour chercher de l’oxygène ; toute la partie haute du corps est secouée ; les mouvements de tête s’accompagnent de mouvements des bras d’une intensité variable, et de coups de pied intempestifs ; ces troubles se prolongent jusqu’au moment de l’expulsion.”

"La seule issue est d'éviter le blocage grâce à une tournure de phrase qui rende l'ensemble fluide. Pas de périphrase possible, donc; il s'agit de donner une information précise, sans mentir.
C'est pourtant elle, la périphrase, qui plus d'une fois a su me tirer d'affaire, telle une héroïne débarquant de nulle part pour m'exfiltrer quand je n'étais plus qu'une victime prisonnière du monstre bégaiement.
La périphrase est l'action qui consiste à remplacer, au dernier moment, un mot par un autre, une expression par une autre, sans modifier le sens de la phrase. L'exercice semblera anodin à n'importe quel individu normalement constitué: lui y a recours quand il souhaite préciser sa pensée. Pour le bègue, c'est une chance de survie. Car il en use pour tâcher d'éviter un blocage. C'est son issue de secours, le moyen de s'échapper quand l'incendie se répand. C'est sa faible chance de ne pas bégayer: essayer de remplacer un mot dont il sait qu'il sera bloquant par un mot qui aura peut être une chance de passer... en général, le blocage n'a pas le temps d'ajuster son tir. La périphrase est l'arme du bègue. Elle lui permet d'entrer en résistance."

L'auteur ne cherche pas la compassion, il décrit presque cliniquement ce mal qui vit en lui et la façon dont il s'en accommode.

La préface est de François Bayrou, bègue lui-même et j'ai donc enfin compris l'étrangeté de son élocution!

En voici quelques  extraits :

Ancien bègue lui-même, François Bayrou témoigne de ce handicap dans la préface du livre.

 

 

"Quand j’ai vu Le Discours d’un roi [ndlr : ce film raconte comment le roi George VI lutta pour surmonter son bégaiement], tassé sur mon fauteuil dans une salle de projection d’avant-première, bêtement, j’ai pleuré. Et je suis sûr que William Chiflet a pleuré, et quelques milliers d’autres aussi."

"Et les consonnes qui bloquent ne passent toujours pas. Sans doute parce que ce ne sont pas les consonnes qui bloquent, ni les lèvres, ni le palais, mais l’enfant secret qui demeure en nous, et sans doute fut blessé, sans que l’on sache de quelle blessure. Il n’y a rien d’organique dans le bégaiement. Il n’y a que du secret."

"Ce livre raconte très justement les ruses et stratégies par lesquelles on apprivoise l’ennemi intérieur. Très souvent, dans mes discours, sortent des avalanches de synonymes, des mots qui jouent les uns avec les autres. Ces jeux ne viennent pas d’une muse poétique, ni d’un amour inné pour la richesse du vocabulaire français et les habiletés de la rhétorique. Ils viennent du bégaiement qui oblige à passer dix mots dans son esprit pour pouvoir en dire un ou deux sans buter."

 

Quant au " je n'aime pas" il s'agit du livre "les vieilles " de Pascale Gautier.

Attirée par le texte d'une page intérieure qui dit que les textes de cette auteure sont singuliers et littérairement exigeants, je me dis que je vais me régaler.....

Et là j'ai eu du mal à arriver à la fin du livre : une écriture médiocre, des redites censées être drôles, une description du grand âge caricaturale, une histoire qui n'en est pas une, un récit tiré par les cheveux... Bref l'ennui !!!

Livre plat, dialogues bien creux, alignement effarant de poncifs et de lieux communs, situations grotesques. Quel est le degré d'humour, s'il y en a ? Peinture sombre de la vieillesse ou sarcasme cruel et déprimant de l'auteur ?

Je m'attendais à des chroniques de petites vieilles bien méchantes, dans le style Tatie Danièle, surtout avec le regard malicieux de la mémé sur la couverture du livre. Mais il n'en a rien été.

Et que dire de la fin!!!!!!!!

Je suis rarement aussi sévère mais le fait que la dame soit directrice littéraire ne m'incite pas à l'indulgence, tant d'auteurs talentueux ont du mal à être publiés qu'il me semble qu'une certaine exigence devrait être la règle!

 

Ce que dit la 4ème de couverture : Il y en a une qui prie, une autre qui est en prison, une autre encore qui parle à son chat, et certaines qui regardent les voisines de haut en buvant leur thé infect.
Leurs maris ont tous disparu. Elles sont vieilles, certes, mais savent qu’elles pourraient bien rester en vie une ou deux décennies encore, dans ce pays où il n’est plus rare de devenir centenaire. Alors elles passent leur temps chez te coiffeur, à boire et à jouer au Scrabble, à essayer de comprendre comment fonctionne un téléphone, à commenter les faits divers, à critiquer leur progéniture qui ne vient pas assez, à s’offusquer de l’évolution des moeurs…
Elles savent que le monde bouge, et qu’elles devraient changer leurs habitudes, mais comment faire, à leur âge? Aussi, l’arrivée de Nicole, une  » jeunesse  » qui entame tout juste sa retraite, et l’annonce d’une catastrophe imminente, vont perturber leur quotidien. Ce nouveau roman de Pascale Gautier est irrésistible par sa fraîcheur, sa volonté de prendre avec humour le contre-pied de certaines idées reçues sur la vieillesse.

Un extrait : "Dong ! Redong !
"Excusez-moi !
- Faites, faites", miaule Marguerite en fusillant Ginette du regard.
Elle se précipite, ouvre.
"Mieuaue euaou mieuaue eueu !
- Bonjour ?!
- Mieuaue euaou mieuaue eueu ! Mieuaue euaou mieuaue eueu !
- Bonjour, Félix ! caquette Marguerite. Vous ne connaissez pas Félix, mademoiselle?
- Je n'ai pas le plaisir..."
L'être déficient avance, crispé sur ses béquilles.
"C'est le plus ancien habitant de la résidence. Et il est né dans notre bonne vieille ville. Un homme brillantissime, ce qui n'est pas évident au premier regard.
-Maman, ce n'est pas sympathique ! murmure Ginette.
- Mais vrai ! Monsieur était un fou de parapente. Vous connaissez le parapente ?"
Dong ! Redong !
"Excusez-moi !
-Faites, faites."
 
 
Dong ! DOdong !
Elle se précipite. Ouvre. Et là, Pierre Martin, auréolé de gloire dans son short bleu, est sur le seuil. Ses yeux dorés brillent et la contemplent avec intensité. C'est un regard chaud qui la palpe de bas en haut et la pétrit dans tous les sens. Elle en danserait le Souappe d'Aoussa-Biné Double-Glisse mais elle se retient de justesse. "Pierre Martin", dit-il d'une voix chaude comme un triple Martini rouge bien tassé, "je suis l'homme de la résidence..." Il lui tend la main, elle lui tend la main. Elle a l'impression d'être assise sur la balançoire quand son cousin Emile la poussait et qu'elle montait de plus en plus haut, la robe retroussée sur les cuisses et le ciel dans les yeux.

 

 

 



27/06/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 17 autres membres