Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

Fragonard ou l'invention du bonheur - Sophie Chauveau

Je n'avais rien lu de cet auteur, aussi je ne savais pas trop où j'allais poser mes yeux de lectrice!

Mais le titre m'attirait. Pensez-donc, découvrir les détails de la vie d'un peintre, connu certes, mais dont les ouvres sont si diverses dans leurs thèmes, avec toutefois une récurrence dans les couleurs et la légèreté.

Autant le dire tout de suite j'ai beaucoup aimé ce livre. Bien sûr on ne sait pas trop ce qui tient de la biographie ou du roman et ce qui est historiquement exact, mais on voit bien ce peintre traverser une époque agitée où les codes de la peinture sont très stricts.

 Lui, Fragonard, Frago comme il aimait à signer ses oeuvres, n'aura jamais envie de se plier à ces règles, il a trop de vie en lui, trop de foisonnement, trop de couleurs en tête, son fameux jaune surtout!

Il est né à grasse et sa vie à Paris n'est que grisaille, il met alors ses couleurs d'enfance dans ses tableaux, peints rapidement et toujours très justes dans l'observation...

Et puis l'homme aime la vie, il est tout petit en taille mais rayonne par sa joie, son caractère heureux.

Il partage le lit de nombreuses amantes avec ses deux fidèles amis, Hubert Robert et Saint-Non.

Cependant les deux grands drames de sa vie laisseront en lui une grande nostalgie. Il perd sa mère quand il est encore un enfant , presque à l'adolescence. Puis des années plus tard, sa fille se meurt, se laisse mourir, brisée sans doute par un trop lourd secret de famille.

Il ne se remettra jamais de cette mort....

 

Le résumé de l'éditeur :

« Du soleil de Grasse aux ruelles lugubres de la capitale, des ateliers de Chardin ou Boucher à l’école de Rome, d’un Louvre totalement inconnu, véritable cité des artistes, aux intrigues assassines des salons du Paris prérévolutionnaire, des horreurs de la Terreur aux diktats imprévisibles de l’Empire, Jean-Honoré Fragonard traverse miraculeusement un demi-siècle de chaos.

Eternel amoureux d’une famille recomposée très particulière et de la ribambelle d’animaux qui l’entoure, Fragonard et le jouet des caprices des puissants mais ne se soumet qu’à son seul désir : peindre.

Précurseur des impressionnistes, premier conservateur du futur musée du Louvre par la grâce de Napoléon avec le soutien actif de David, il pose un regard nouveau sur l’amour, ivre de couleurs et de lumières. »

 

Des extraits :

 

Il les charme tous, hommes, femmes, enfants et bêtes qu'il prise par-dessus tout. Ludion frivole, facétieux et drôle, généreux, il distribue ses dessins comme des baisers, à qui les trouve jolis, à qui s'est reconnu.
 

 

Le coup de brosse, la touche de couleur s'inscrivent dans le même abandon, c'est surtout ça l'estampille de Fragonard, un pinceau qui de ses coups vifs scande et accompagne la fougue de amants, en souligne le violence par le désordre. Sa pâte a la vivacité, l'emportement propres à exprimer le désir, la possession. Le centre de l'oeuvre où a lieu l'étreinte est baigné de lumière alors que certains détails suggestifs sont remisés dans l'ombre. Il ne cache rien des va-et-vient de son pinceau, il se sert du manche pour sculpter ses volumes à même la pâte fraîche et lâche des blancs pour accrocher la lumière.  
 

 

Rarement avant Fragonard, le dessin et surtout la sanguine n'ont été pris si au sérieux ni n'ont occupé un tel rang. Au-delà de l'observation attentive du feuillage des arbres, du scintillement de la lumière, du clapotement des eaux, du bruissement du vent, de la chaleur étouffante de l'air, on peut lire dans ses dessins un hymne à la végétation, cette végétation exubérante, folle, enfiévrée par le climat romain.
Un souvenir d'enfance ? Un amour pour cette vie de l'enfance où les corps sont libres dans un air toujours chaud.
La nature de Frago ne nie jamais l'homme, ne cherche pas non plus à l'inquiéter. La nature fût-elle grandiose enchante, et à qui l'admire, promet l'émotion.

 

 

 

Boucher l'a beaucoup fait travailler mais selon sa dernière manière. Celle de sa gloire aux couleurs du badinage, aux humeurs de boudoir... Manière pleine de grâce et de légèreté à la semblance de toutes ces Madame Boucher, sensuelles et roses, de ses angelots dodus et nacrés, et des ciels estompés de crème qui parsèment ses tableaux.

 

 

 

 



21/06/2013
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