Le pinceau-livre

Le pinceau-livre

A mes élèves....

En trente ans d’enseignement, j’ai probablement vu passer près d’un millier d’élèves. Passer est le bon mot car pour moi l’enseignant est vraiment un passeur.

La grande motivation du métier est d’avoir à la rentrée un enfant qui a un certain niveau et le hisser à un autre niveau d’ici la fin de l’année scolaire. Là est la vraie valeur du métier, la grande joie d’avoir été utile…

Chaque rentrée était difficile pour moi, je préparais ma classe dès la mi-août, j’appréhendais la rentrée. Il faut savoir s’imposer dès le départ tout en essayant de faire en sorte qu’ils viennent en classe avec plaisir ou au moins sans crainte. Un vrai défi !

Et puis à chaque fois la magie opérait, je m’attachais à ces jeunes élèves et en juin, je voyais arriver le jour de la séparation, partagée entre l’envie de prendre un bon repos estival et le chagrin de les quitter. Je disais à mon entourage « de toute façon, je n’en retrouverai jamais des comme ça, aussi bien, aussi gentils, aussi intelligents ». Mes filles me répondaient «  mais tu nous dis ça chaque année ! ».

 La rentrée suivant arrivait et, de fait, je ne leur trouvais aucun charme à ces petits nouveaux «  ah ! Je vous l’avais bien dit qu’ils ne seraient pas aussi bien ! »… et puis, chaque année, vraiment chaque année ils ont su me conquérir pour arriver en juin à me faire pleurer à nouveau de les quitter…

Je les ai tous aimés, les élèves ordinaires, les « normo typés », même si je savais qu’ils réussiraient quel que soit l’instituteur, ceux-là  étaient dans la norme, ils n’avaient pas besoin de moi autant que les autres. Les autres : les différents, trop  doués ou pas assez, trop  fragiles ou trop  endurcis, trop soumis ou trop révoltés, tous ceux qui sont « trop » quelque chose.

Ceux-là, oui, avaient besoin de ce cadre chaleureux et stable que peut offrir l’enseignant.

Si certains d’entre eux me lisent, sachez que vous m’avez tellement apporté : votre jeunesse, votre envie, vos jeux de mots bien involontaires, vos grandes idées ( j’avais instauré bien avant que ce soit la mode, une réflexion hebdomadaire sur un sujet de philosophie du baccalauréat, la sagesse enfantine et sa profondeur de réflexion m’ont toujours épatée), vos rires, vos chagrins, vos doutes et si peu, si peu de certitudes encore…

Pour tout cela MERCI….



21/11/2012
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 17 autres membres